
9 choses à comprendre lorsque l’enfant dit non!
Léo est un adorable petit garçon. Le problème c’est que chaque fois que sa maman lui demande quelque chose il commence par dire non.
L’ultime leçon que nous devons tous apprendre est l’amour inconditionnel, ce qui inclut non seulement les autres aussi nous-mêmes. E. Kubler-Ross.
J’ai choisi cette citation pour aujourd’hui car, je trouve intéressant et très important de noter que l’Amour inconditionnel s’apprend et surtout qu’il commence par soi-même.
Il est attendu de tout parent d’aimer inconditionnellement ses enfants. Et pourtant combien d’entre nous, s’en sentent vraiment capables?
Combien d’entre-nous se sent réellement aimé inconditionnellement ?
Peut-on réellement donner ce que l’on a pas reçu?
J’ai entendu beaucoup de parents me dirent: j’essaye mais je dois dire franchement que c’est difficile.
« J’aime tellement ce petit et je sais je ne devrais pas penser cela mais des fois… je le déteste. » (suite…)
Comment faire sortir du lit un enfant qui a déjà eu de la peine à s’endormir le soir. (suite…)
Une des clefs du succès de la bonne relation entre parent et enfant est la qualité de l’écoute des parents. Les enfants parlent beaucoup et ce n’est pas toujours évident d’être à 100% à l’écoute. Notre niveau de vigilance dépend également de notre état de fatigue, de notre état mental, des différentes préoccupations qui nous taraudent sur le moment et bien souvent de notre propre état émotionnel.
Papa écoute attentivement
Aucun parent se doit d’être attentif à 100% le 100% du temps. Par contre prendre de bonnes habitudes d’écoute favorise le développement de l’enfant et construit la relation entre parents et enfants sur des bases solides. (suite…)
Les 3 grands rôles des parents sont:
Aujour’dhui nous allons traiter du 3ème rôle, nous reviendrons sur les 2 autres ultérieurement.
Des parents qui se sentent à l’aise de poser des limites , savent aussi se poser des limites claires à eux-mêmes. Ils sont au clair sur ce qu’ils sont et ne sont pas prêts à accepter, ainsi que sur leur façon de réagir en présence des comportements inappropriés de leurs enfants.
L’art de poser des limites vient donc de l’intérieur et de la capacité du parent à se respecter lui-même, et non du comportement des enfants.
Après avoir lutté avec lui dans ses comportements parfois usants, voilà que votre adorable petit bonhomme qui a grandi, va à l’école et discute comme un grand avec vous pour votre plus grand plaisir, se met à vous mentir avec un aplomb qui vous déconcerte.
Si les premières distorsions de la réalité apparaissent vers l’âge de 4 ans, le mensonge sur des faits réels et vérifiables arrivent pour beaucoup de parents avec l’âge de la scolarité.
Votre enfant passe une partie de sa journée sans votre compagnie, avec d’autres personnes avec qui il doit “dealer” : la maîtresse, les camarades de classe, les animateurs de l’accueil de jour, les copains du quartier… Bref votre enfant est confronté à des tas de situations différentes tout au long de la journée.
Tant que tout va bien, aucune raison pour vous de soupçonner que votre tête blonde est capable de faire des choses qu’il tente de vous cacher ou de vous livrer sous un autre éclairage que la vérité.
Le profond sentiment de blessure et d’impuissance ressenti par le parent qui découvre pour la première fois que son enfant a menti est souvent vécu comme un tournant dans le relation. Certains parents le vivent très mal et comme une atteinte à leur personne, comme un ébranlement de tout ce en quoi il a cru jusque là. La remise en question et la culpabilisation prennent le relai du sentiment de tristesse: qu’est-ce que j’ai fait de faux, (sous-entendu, j’étais tellement sûr de cultiver la confiance mutuelle), qu’est-ce j’ai loupé, (sous-entendu ; qu’est-ce que je n’ai pas vu chez mon enfant pour qu’il choisisse de me cacher des choses).
Tous ces sentiments sont normaux et légitimes. Cependant l’important est de ne pas en rester là et de voir comment gérer cette nouvelle réalité.
Laissons donc ces sentiments négatifs et douloureux pour essayer de comprendre ce qui se passe réellement.
Tout d’abord: que se passe-t-il dans le développement de l’enfant entre 7-11 ans ?
C’est une période qu’on appelle aussi l’âge de latence ou l’âge de raison. Petit à petit l’enfant sort de son égocentrisme pour s’intéresser aux autres et aux choses qui l’entourent. Il a une activité physique et mentale intense. Il aime faire des grands discours comme s’il s’écoutait être capable de parler comme les adultes. Son imagination déborde et est alimentée par ce qu’il apprend à l’école, par le contact avec les amis du quartier mais aussi les jeux, les jeux vidéos, les livres, les revues, la télévision etc. En mesure de faire des liens dans leurs connaissances, de développer des logiques, les enfants sont capables de s’inventer des histoires à mi-chemin entre la réalité et des mondes imaginaires incroyables.
Vers 7-8 ans l’enfant acquiert également de nouvelles facultés sociales: il s’intègre à un groupe, il s’en approprie les règles et les partage; c’est l’âge où il expérimente la solidarité, où il dénonce la triche, le mensonge. Puis vers 9 ans il commence de se soucier de ce les autres pensent de lui, comprend les enjeux d’être leader ou au contraire d’être l’exclu. Il va s’atteler à être du “bon côté » du groupe.
Vers 10 ans il commence à se détacher de ses parents; c’est-à-dire qu’il ne ressent plus le besoin de savoir où ils sont ou ce qu’ils font. Les enfants sont alors capables de passer des journées ensemble notamment en vacances sans jamais s’inquiéter de l’absence ou de la présence de leurs parents. C’est l’âge où il développe une véritable vie sociale en dehors de sa famille : il commence à partager de choses avec d’autres qu’il ne partage pas avec ses parents, des petits secrets entre amis, des histoires qu’il choisit de garder pour lui; il peut aussi s’attacher à un coach sportif par exemple et laisser son parent en dehors de cette relation. Le coach devient alors la référence au grand damne du parent qui se sent dépossédé de son rôle de conseiller.
Dans cette période l’enfant suit de manière plus consciente les discussions des adultes et perçoit aussi que parfois, ces derniers ont recours à une certaine distorsion de la vérité …
C’est dans ce contexte d’activité mentale et sociale intense que l’ enfant va formuler ses premiers mensonges.
Le mensonge est une stratégie de communication que tout le monde utilise. C’est que le mensonge a différents rôles que le petit humain découvre très tôt.
Une étude menée au Canada démontre que 60% des filles et des garçons de 6-8 ans mentent occasionnellement et 20% fréquemment.
La psychologue clinicienne, psychothérapeute Dana Castro, auteure de “ Petits silences, petits mensonges”* préconise de laisser ce droit à l’enfant: “c’est le considérer comme une personne à part entière, singulière et vraie qui va interagir avec ses parents”
Chez les plus jeunes (4-5 ans) il s’agit plus d’affabulations, de faire preuve de créativité pour décrire la réalité selon leur imagination que de vrais mensonges (tordre volontairement et consciemment les faits).
Ainsi des petits sont capables de raconter que leurs parents font des choses inouïes et impensables (mon Papa il porte sa voiture comme ça, au-dessus de la tête, ou désignant son père: c’est pas mon Papa) ou alors ils racontent des exploits dont ils sont les héros. Le problème c’est que parfois cela peut porter à confusion et mener à des situations désagréables si on prend ces récits au pied de la lettre, sans vérifier ce qui paraît bizarre.
Toutes ces affabulations servent à l’enfant à construire sa relation aux autres, à tester l’impact qu’ils peuvent avoir sur les adultes, et sur leurs paires; la découverte de ce pouvoir est la découverte d’un espace de liberté dont ils vont user à tort (et à travers) si le parent n’est pas là pour la canaliser sans la briser.
Entre 5-10 ans le mensonge, en tant que acte conscient, consistant à transformer l’information, est un moyen pour l’enfant de gérer une situation inconfortable, de tenter de se soustraire aux conséquences de ses actes, ou d’éviter de faire face à ses émotions du moment. L’enfant utilise également le petit mensonge rapide pour éviter de parler plus longuement ou de garder quelque chose pour lui.
Alors comment réagir face au mensonge?
Si vous savez pertinemment qu’il, qu’elle vous ment, faites lui part de votre surprise et dites lui ce que vous savez et comment vous l’avez su, mais continuez de laisser le dialogue ouvert: « ah bon? T’es sûr de ce que tu me racontes là? » L’enfant va entrer dans une phase de justification qui est le meilleur indice du mensonge. Alors continuez: » ah bon parce que j’ai discuté avec ta maîtresse pendant que tu discutais avec ta copine et elle m’a dit que …. » S’il persiste dans son mensonge:
Exemple: « je ne suis pas fâché contre toi que tu ne puisses pas dire la vérité, tu comprends cependant que je ne peux pas accepter et que comme tu te l’imagines il y aura une conséquence. Alors quand tu es prêt on en discute et on règle cette histoire. En attendant on retourne à nos activités, toi tu fais tes devoirs, moi je prépare le dîner. »
S’il, elle se fâche ou tente de recommencer à se justifier, dites lui calmement que vous n’entrez plus dans aucune discussion si ce n’est pas pour dire la vérité. Et vaquez à vos occupations.
Lorsque votre enfant est décidé à vous raconter ce qu’il c’est réellement passé, écoutez-le puis questionnez le sur ses sentiments, sur les sentiments qu’il l’ont poussé à d’abord raconter un mensonge ainsi que sur ce qu’il elle ressent maintenant qu’il, elle a dit la vérité. Cela l’aidera à comprendre sa stratégie et à ressentir dans quel état ça le met.
Si vous soupçonnez que votre enfant ment mais n’avez rien présentement pour vous le confirmer :
Exemple: La maman de la petite K, 6 ans me raconte que K revient de l’école avec son T-shirt déchiré et une griffure dans le cou. Rien de bien grave mais manifestement sa fille s’est battue. Avant que sa mère puisse poser la moindre question K s’engage dans un récit enflammé visant à rendre responsable son copain de classe. Cette attitude défensive laisse entrevoir le mensonge.
Questionnez le, la sans virer à l’interrogatoire de police! Exemple: “attends là, je ne comprends pas bien ce que tu me racontes. Reprenez ce qu’il vous dit : “ tu étais dans la cour tranquillement en train de jouer avec tes copines et L est arrivé. Et là que c’est-il passé? Hmm Il t’a sauté dessus comme cela sans raison… tu lui as même pas parlé et il t’a sauté dessus?… » alors la description va commencer à changer.
Amenez votre enfant à reconnaître sa part de responsabilité dans l’évènement. Questionnez-le sur ce qu’il pense de son geste s’il a finalement tapé en premier ou même s’il a seulement rendu: “ et faire ça? tu trouves ça bien toi? “ Attention au ton sur lequel vous posez la question? C’est une question que vous posez! Ce n’est pas une accusation sur la forme interrogative!!
Il prend ainsi conscience qu’il sait que ce n’est pas approprié.
S’il refuse de vous raconter alors faites ce que votre enfant attend de vous: que vous preniez le temps de suivre l’affaire et chercher les informations qui vous manquent. C’est une façon pour l’enfant de s’assurer que vous êtes concernés par ce qu’il lui arrive en dehors de la maison, une façon d’accaparer votre temps pour sa propre situation.
« Je vois que tu ne veux pas me raconter cependant moi j’ai besoin de savoir ce qu’il t’es réellement arrivé et la part de ta responsabilité. Je parlerai avec ton Papa de ce qui est le mieux de faire, j’irai trouver ta maîtresse, la maman de ton copain etc.” En attendant va faire tes devoirs etc…. “
La gestion des mensonges est importante pour
A éviter de faire face au mensonge:
L’importance des conséquences.
Le mensonge est un acte qui implique une conséquence au même titre que les autres bêtises.
Cependant il vaut la peine de nuancer.
Quels sont les objectifs importants:
Si on peut discuter un moment de savoir si l’omission est un mensonge ou pas, l’important est de noter que l’omission amène les mêmes complications que la déformation de l’information.
Ce qu’il est important de garder à l’esprit:
Ne jamais prendre le mensonge comme une offense à votre personne, ni un signe d’immoralité de votre enfant, ni d’un manque d’éducation de votre part, mais bien comme un choix de communication visant à gérer une situation inconfortable ou à éviter les conséquences d’une bêtise.
Mettre de côté vos sentiments de tristesse, de colère, de déception pour vous concentrer sur votre souci d’aider votre enfant à s’exprimer en confiance, dire la vérité et d’en comprendre l’importance.
Etre clair avec vous-mêmes sur les conséquences que vous allez imposer.
Ne pas trahir la confiance que vous travaillez à instaurer avec votre enfant en vous énervant une fois que vous avez appris la vérité. Il en déduira qu’il vaut mieux ne jamais avouer car après c’est encore pire.
Transmettre à votre enfant que quoique qu’il fasse de faux, d’incongru ou de vraiment inattendu, vous l’aimez par dessus-tout et que rien ne changera jamais ce sentiment.
Il n’y a pas de façon unique de réagir au mensonge. Cela dépend de chaque situation. Cet article donne un aperçu. N’hésitez pas à soumettre vos exemples de situation. Je répondrai à certaines d’entre elles comme exemple de cas.
N’hésitez pas à laisser vos commentaires, questions ou compléments
MHM
A lire pour en apprendre plus:
Dans Psychologie: quand les enfants nous racontent des histoires
Dana Castro, Petits silences, petites mensonges, Le jardin secret de l’enfant
Albin Michel, 2012